Je m’appelle Tamri. Je suis en milieu de cycle, la phase ambiguë. Voilà pourquoi ce jeune homme, ce Matthew Viateur devant moi – un Pure ! – se demande si je suis homme ou femme. Il sait, en tout cas, pour les Alternes comme moi. On transite. “Trans” – ça avait un tout autre sens, dans le temps. On passait, mais d’un seul côté. Et surtout, on choisissait. Nous, on va et vient. De cinq ans en cinq ans. Par force. Lui, je le constate enfin, est un bimanu. À chacun sa tare. Mais pour un Pure, je comprends que ça doit être effrayant. Il a besoin d’un guide, le Matthew. En fuite ? Plus ou moins. Il souhaite rejoindre sa sœur, bimanu elle aussi et, selon lui, « prisonnière » des baïaques, les scientifiques de Babel. Mes parents, entre autres. Ah, c’est Ryü qui me l’envoie. Mon Ryü. Comme si j’avais besoin de penser encore plus à Ryü, qui comme moi « alterne » et que j’ai quitté. Je n’en pouvais plus de nous voir changer quand lui-même l’acceptait. Alors oui, Matthew, je t’y amènerai, à Babel. Et fuck ! Peut-être que Tamri-lela-prototype y trouvera aussi des réponses ?

À propos de l'auteur

Vonarburg, Élisabeth

Élisabeth Vonarburg est une des figures les plus marquantes de la science-fiction québécoise. Elle est reconnue tant dans la francophonie que dans l'ensemble du monde anglo-saxon et la parution de ses ouvrages est toujours considérée comme un événement.  Outre l’écriture de fiction, Élisabeth Vonarburg pra­ti­que la traduction (la Tapisserie de Fionavar, de Guy Gavriel Kay), s’adonne à la critique (no­tam­ment dans la revue Solaris) et à la théorie (Comment écrire des histoires).  Depuis 1973, Élisabeth Vonarburg a fait de la ville de Chicoutimi son port d’attache.