Depuis plusieurs décennies, à rebours d’une historiographie plus traditionnelle, un nombre croissant de travaux ont illustré la complexité des périodes de transition entre la guerre et la paix. Il est aujourd’hui admis qu’une sortie de guerre débute avant la fin officielle des hostilités et qu’elle se poursuit longtemps après que les armes se sont tues. Admis également que s’y entrecroisent, selon des chronologies et des rythmes variés, au plan individuel comme au niveau collectif, des phénomènes d’ultimes violences, des politiques d’occupation et/ou d’épuration, les retours de celles et ceux que le conflit a déplacés, la démobilisation culturelle, le déploiement de projets de réforme, une économie morale de la reconnaissance, la prise en charge de séquelles physiques et psychologiques, des processus de deuil et de mémoire, et enfin la mise en récit du conflit. De surcroît, chacune et chacun qui émerge de la guerre doit faire face au redoutable défi constitué par la reprise d’une vie intime de temps de paix. Pour la première fois, cette question est envisagée sur la longue période, des guerres de Religion aux conflits post-1945, par les meilleurs spécialistes de chaque période.