Cet essai rapproche beaux-arts et culture visuelle à partir d'une étude de cas qui témoigne de l'importance de l'affiche en couleurs dans l'histoire culturelle du regard comme dans celle de la peinture : il examine Cirque (1891), oeuvre-phare du musée d'Orsay, de Georges Seurat, sous l'angle de ses liens avec l'imagerie et les affiches de cirque, en particulier celles de Jules Chéret dont les affiches couvraient alors les murs de Paris. Il montre que, dans son agencement et ses motifs, la toile testamentaire de Seurat, renouvelle la conception du tableau de grande composition, traditionnellement fondé sur le système de la perspective, à partir d'une iconographie familière qui s'adressait à tous les milieux et classes d'âges.. Au travail de la peinture néo-impressionniste, pailletée de petites touches, qui condense en une seule oeuvre tout un monde d'images, s'ajoutent la mythologie du cirque et de la parade ainsi que l'allégorie de l'artiste en saltimbanque qu'exaltent les années du symbolisme et de la Décadence selon Huysmans et que Seurat reprend à son compte à travers la figure allégorique du clown vu de dos. Son tableau ouvre la voie aux compositions décoratives de l'Art nouveau ainsi qu'à l'art moderne..